Une singerie de Jacques Norigeon

Le Palais des singes, PROPOS2éditions, collection Propos à demi, couverture illustration originale de Willem, 84 pages, format 10 x 21 cm, ISBN : 2-912144-51-5, prix 9 €

« On dit que nous sommes des singes ». L’incipit du dernier livre de Jacques Norigeon, Le Palais des singes, donne immédiatement la parole à un collectif qui s’exprime à la première personne du pluriel. Cette parole, le collectif la gardera plurielle jusqu’au bout des trente-trois tableaux qui composent l’ouvrage. On découvrira par sa voix ceux qui environnent le palais des singes, innocents, citadins, suisses, zoologue. On visitera avec eux son palais, on se demandera pourquoi il est grillagé, on arpentera la ménagerie alentour, le vaste jardin, la serre tropicale, les quais proches… On obtiendra des confidences plaisantes, des sarcasmes paisibles, des paradoxes enlevés. On rêvera avec lui à la forêt. « La forêt serait belle, si belle qu'elle pourrait ne pas exister ». Au final, on se demandera bien qui sont les singes, ou plus simplement, nous prendrons leur voix pour nous demander avec eux qui sommes-nous ?

Entre fable et récit, Le Palais des singes donne la parole aux singes. Il ne s’agit pas d’un singe qui parle, chouchou des éthologues et autres savants des savanes, il ne s’agit pas non plus d’un singe humanisé, comme celui dont Kafka présentait « le rapport à une académie », ni d’un animal familier domestiqué. Nous découvrons une parole de groupe, jamais individualisée, jamais nommée. En 33 tableaux brefs, teintés d’un humour aigre-doux, les singes s’interrogent sur leur présence derrière les barreaux, sur leurs rapports avec ceux qui vivent devant les grilles, et sur le destin qui préside à leur rôle de singe : « il est rassurant d'être reconnu, surtout lorsque l'on se trouve derrière grilles et barreaux, aussi nous appliquons-nous, puisque tel est notre destin, à faire les singes ».

Jacques Norigeon a longtemps vécu à Paris, au bord du Jardin des Plantes. Tout jeune, puis moins jeune, il s’est fréquemment rendu à la ménagerie, et notamment à la singerie, dite autrefois "Palais des Singes" : quelques cages entourant une salle plongée dans une semi pénombre bleutée. De cette fréquentation viendra l’idée de retranscrire ce que pourraient dire ceux à qui ne manquerait que la parole…

Jaques Norigeon a déjà pris la parole pour une rivière, l’Arc, qui joint le pays d’Aix à l’étang de Berre, « Je suis une rivière » composé de quatre vingt et un passages de quelques lignes qui s’enchaînaient inexorablement (Propos2 éditions, 2004). Avec une question proche : donnait la parole à la rivière -ou bien était-ce la rivière qui décidait de lui donner la parole ?

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